Aimez-vous les adjectifs ?
Un peu, beaucoup, passionnément…. pas du tout ? Jouer avec les mots, jusqu’à trouver celui qui s’adapte à la situation, j’adore. C’est aussi pour ce plaisir-là que j’écris -vous écrivez, nous écrivons-. Cependant, les qualificatifs sont à manipuler avec précaution. A forte dose, ils affaiblissent le propos. J’ai cherché, et trouvé, des avis d’auteurs (et non des moindres).
Défiants :
Claudel : « La crainte de l’adjectif est le commencement du style ».
ou encore
Hugo : « L’adjectif est la graisse du style ».
Pédagogue :
Fitzgerald : « La prose la plus pure repose sur le verbe, qui entraîne la phrase. Le mouvement des phrases dérive de leur verbe »
Catégorique :
Clemenceau : « Une phrase se compose d’un sujet, d’un verbe et d’un complément. Ceux qui voudront user d’un adjectif passeront me voir dans mon bureau. Ceux qui emploieront un adverbe seront foutus à la porte ».
Un de mes amis affirme : les adjectifs c’est comme les antibiotiques, si on en abuse, ils perdent leur efficacité.
Enfin, mon préféré :
J. Chardonne :
« Pas d’adjectifs, ils affadissent le style. L’adjectif, c’est comme les bijoux, une femme élégante ne porte pas de bijoux ».
Ah, les hommes ! J’aimerais nuancer.
Une élégante tourne ses cailloux entre ses doigts, les essaie, tente de réaliser une harmonie de teintes, formes, matières. Après réflexion, elle décidera sans doute de porter une pierre, celle qui, entre toutes, sublimera son style ou affinera sa pensée. Mais si elle a un doute, elle refermera le coffret. Plutôt que commettre une faute de goût, une élégante préférera s’abstenir.
…Décoiffant, non ?
Sophie, le 19 janvier 2017
Quand tu écris, garde à portée de la main le fusil à tuer les adjectifs.
L’etonnement du voyageur, 1987-1989 – Claude Roy
Merci d’amener de l’eau à mon moulin 🙂