Ne t’affole pas du bruit…

 

 

Ne t’affole pas du bruit.

Les hommes ont manié la poudre, et la mort.

Armés d’illusions et d’immortalité, ils font danser les chevaux.

Ne t’affole pas de la puissance des guerriers.

Nous sommes, toi cheval et moi femme, plus puissants que ceux qui se glorifient de nous posséder.

Tiaret, chevaux et légendes, textes Amina Mekahli, photos Nacer Ouadahi, ANEP éditions.

 

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Tihert, la lionne. Un village des Hauts Plateaux algériens, où ma mère a vu le jour. La légende familiale dit qu’il y avait là-bas un mètre de neige le jour de sa naissance, en avril. Cela nous faisait toujours rire, s’agissant d’un village aux portes du Sahara. Maman nous a souvent raconté leurs jeux d’enfants, dans la cour de la ferme, leurs promenades, ce fameux jour où elle avait accompagné son père à la chasse, il l’avait installée sur un talus et lui avait demandé de l’attendre, le temps qu’il aille récupérer une pièce de gibier, la petite fille s’est retrouvée seule dans le paysage immobile, tout à coup un homme s’est approché, il lui a demandé « qu’est-ce que tu fais là, toi, toute seule ? » elle a répondu « j’attends mon papa », et cet homme a sauté à bas de son cheval, il s’est assis près d’elle sur le talus et l’a surveillée en attendant le retour du père. Tiaret, les champs de blé, les cochons et les pastèques de mon arrière-grand père. Tiaret, traversée par les caravanes de chameliers, les hommes bleus du désert. Tiaret, les fantasias et les jumenteries. 

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J’ai aimé cette promenade dans le coeur de ma mère. Et surtout, j’ai découvert avec grand intérêt, dans cet ouvrage envoûtant, la tradition millénaire des étalons arabes. Originaires des écuries de Salomon ; descendants des fières juments Obeya, Saklawiya, Koheila, Hamdaniya et Hadah, marquées de la main du prophète lui-même ; oiseaux sans ailes, « buveurs de vent », nés d’une poignée de sable et du souffle de Dieu. De courts poèmes d’Amina accompagnent des images d’une beauté sauvage (signées Nacer Ouadahi).

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Qui dort dans le tombeau ouvert du temps ?

L’histoire ne dort pas.

Elle veille sur les légendes et les morts.

Elle nourrit l’enfant sans dents.

Des fruits du seul arbre qui se souvient

(Amina Mekahli).

Magnifique. 

Sophie, le 12 juin 2016

 

 

 

 

 

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