Humanité : la fondation Solyna lutte contre le trafic sexuel d’enfants au Cambodge
Vendredi 19 mai, dîner de gala à l’hôtel Président Wilson, à Genève, organisé au bénéfice de la Fondation SOLYNA, qui vient en aide aux enfants victimes du trafic sexuel au Cambodge.
La Fondation est parrainée par l’actrice américaine Annalynne Mccord. Messieurs Barthassat et Poggia, représentent ce soir-là officiellement la République de Genève. Le thème de la soirée dépasse les limites de l’entendement, Des rescapées de l’enfer témoignent de l’un des plus grands scandales humanitaires de notre temps, peut-être le plus grand scandale : le trafic sexuel d’enfants.
Dans la luxueuse salle de réception de l’hôtel Président Wilson, Somaly Mam, Sina Vann et Chenda Yan, racontent tour à tour leurs pauvres premiers pas sur la planète. Peut-être se demandent-elles pourquoi cette élégante assemblée s’intéresse à elles. Ce que nous pensons d’elles, pourquoi nous sommes gentils. Les visages tendus, elles racontent l’impensable. Si je me pince, est-ce que le cauchemar va s’arrêter ? Non. Vendues par leur famille pour quelques pièces de monnaie, violées quinze à vingt fois par jour, torturées, enchaînées dans des cachots, privées de la lumière du jour.
A l’appui des témoignages, des photos et vidéos prennent au cœur. Des petites filles. Avant le drame, légères et joyeuses. Après le drame, des yeux vides, des bouches déformées. Salles de torture, draps souillés, chaînes. Certaines n’ont pas plus de quatre ans.
Somaly Mam, fondatrice de l’AFESIP (Agir pour les Femmes en Situation Précaire), active au Cambodge, lui consacre sa vie. Elle a trouvé dans son engagement le moyen de transcender son propre malheur, l’énergie de pardonner. Il faut embrasser ces enfants, les entourer, leur donner de l’amour. Elles ignorent ce qu’est ce sentiment, personne ne leur en a jamais donné. Somaly visite les bordels pour insuffler un peu de confiance aux jeunes filles, leur proposer une autre vie, en rejoignant le Centre AFESIP. Elles peuvent sortir de l’esclavage, vivre dans une maison propre, aller à l’école : au palmarès de l’association, déjà, de nombreuses réussites scolaires, de beaux parcours universitaires. Elles promèneront toute leur vie ce malheureux départ. Mais Somaly l’affirme, et je la crois : lorsque l’on a connu le pire, lorsqu’on est seule au monde, le travail acharné et le don de soi procurent du réconfort.
Un chèque de 119 000 francs suisses sera solennellement remis à la Fondation SOLYNA. Cette grosse somme ne règlera pas l’entier du problème, mais nous sommes heureux de penser que de nombreuses fillettes seront libérées de l’esclavage sexuel.
Cette phrase de Somaly Mam m’a touchée : « il vaut mieux allumer une bougie que maudire les ténèbres… »
Si on s’arrêtait un instant sur cette image. Prenons cette bougie allumée par la Fondation SOLYNA et promenons-la dans ces ténèbres. Que voyons-nous ? Ici, le désastre social d’un des pays les plus pauvres du monde. Là, l’illettrisme, la misère. Ailleurs, la famine, des enfants abandonnés.
Un souffle froid passe sur la flamme de la bougie. Personne n’a parlé d’eux. Ils n’apparaissent sur aucune photo, aucune vidéo. Mais les traces de leurs passages sont partout visibles. Je les imagine. La démarche furtive, ils entrent dans ces prisons. La bougie tremblote, elle va s’éteindre. Ils n’ont pas de visages. Des masques. Qui sont-ils ? Où sont-ils ? On voudrait des noms, des adresses. Ne faisons pas semblant de l’ignorer. Les consommateurs d’enfants viennent aussi de nos pays nantis,
Cette année, plus d’un million d’enfants seront vendus au trafic sexuel. Allumons plein de bougies, éclairons les visages des criminels. Chaque fois qu’un enfant est martyrisé, c’est notre humanité qui meurt.
J’exprime toute mon admiration et mes encouragements aux personnes qui s’engagent pour mettre fin à ce drame, Messieurs Chris Wolff et Claude Hildebrand, Mme Marie-Laure Burkhalter et tous les membres du comité. Je les assure de mon entier soutien et remercie sincèrement mon amie Roberta Marotto, de m’avoir invitée,
Sophie Colliex, le 25 mai 2017
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