Dans les salons de l’Hôtel de Ville
Dans les salons de l’Hôtel de Ville, les promeneurs sont un peu obligés de se balader le nez en l’air.
Le Salon Maghreb des Livres, organisé par l’association Coup de Soleil, a ouvert ses portes dans ce cadre fastueux samedi 13 et dimanche 14 février. Le temps froid, pluie et vent en rafales, se prêtait magnifiquement à une balade livresque et la foule a rapidement envahi les salons de l’Hôtel de Ville.
Ici, on s’attend à tout instant à voir entrer Louis XV et sa favorite Pompadour, en grand apparat, pomponnés, pommadés, emplumés et empanachés, et traverser une haie de courtisans qui s’efface devant eux, le genou et la nuque assouplis par des siècles de royales courbettes. Je n’avais jamais eu l’occasion de pénétrer à la Mairie de Paris : c’est juste impressionnant. On ne peut s’empêcher de comprendre pourquoi les dirigeants de ce pays ne renoncent pas volontiers aux ors de la République. Marianne a bien du souci à se faire.
Partout dans la salle, de grandes tables recouvertes de livres.
Les organisateurs avaient prévu pour nous des rencontres, débats, entretiens, des dédicaces d’auteurs, romanciers essayistes, dessinateurs de BD, des expositions de peintres, ainsi qu’un sublime café maure.
L’enfant de Mers el-Kébir faisait partie des ouvrages sélectionnés pour des lectures d’extraits par les comédiens de la Compagnie du Dernier Etage. C’est toujours pour moi une grande émotion d’entendre lire à haute voix des passages de ce texte que j’ai imaginé, dont j’ai pensé chaque mot, ces phrases tant de fois récitées, fredonnées à mi-voix, jusqu’à ce que leur forme, leur rythme et leur sonorité me conviennent enfin et que je les abandonne…
Alors que les comédiens préparaient leurs feuillets je me demandais quels extraits ils avaient choisi. Lorsqu’ils ont commencé à lire, quelle joie, bien sûr, le passage idéal pour une lecture à deux voix, quelle merveilleuse idée, la scène de classe, ce moment où le copain de Michel se fait prendre pour avoir planté une épine de pin dans l’arrière train de la mouche, où il récite sa leçon de géographie et où on comprend que le feu de la création artistique a commencé à dévorer l’enfant, au grand dam de sa Moman qui ne l’entend pas de cette oreille… Je remercie madame Bataillon d’avoir sélectionné mon livre, et de m’avoir prêté le micro.
Au cours de ma séance de dédicace, un autre moment d’émotion m’attendait, une conversation avec le petit-fils d’un des marins du croiseur léger « le Terrible », amarré à la jetée de Saint André de Mers el-Kébir le 3 juillet 1940. Son enfance a été bercée par les récits de son grand-père, marqué par le drame, et Florent s’est montré très heureux de retrouver dans les pages de L’enfant de Mers el-Kébir des traces du passé de son grand-père, aujourd’hui âgé de 103 ans et d’une tragédie nationale passée sous silence. Je ne résiste pas au plaisir de citer son message dans mon courrier des lecteurs (voir sur ce site le courrier des lecteurs).
J’aimerais mentionner de belles rencontres ; avec l’auteur Cécile Oumhani dont les sources d’inspiration sont si similaires aux miennes, avec l’écrivain Djilali Bencheikh, grâce à qui mon livre a été présenté au jury de l’association des écrivains de langue française. J’ai également été très heureuse de faire la connaissance de monsieur Ameziane Ferhani, rédacteur en chef du quotidien algérien El Watan.
Mes pensées reconnaissantes vont à Francis et Josette Parienty, dont l’amitié et la foi en l’Enfant de Mers el-Kébir ont rendu possibles ces journées hors du temps. Merci également à Mourad Bouaziz pour l’aide apportée, à Kader O, venu spécialement de Mers el-Kébir, à mon cousin Patrick R., merci à Raphaël, Pascal, Tim, Xavier, Mag….
Merci également à ma Claire qui représentait la famille.
Et puis, à la fin de la journée, quelle joie de flâner sur les bords de Seine, de humer Paris au crépuscule…et de retrouver le Bateau Ivre, toujours aussi solidement amarré au quai Saint Michel.
Sophie,
Genève, le 18 février 2016
coucou Sophie,
Merci pour ces commentaires et cette synthèse de ce beau weekend à Paris tellement riche en rencontres et en émotions, quelle richesse de vivre de tels moments, et de voir son travail reconnu, ce qui fait oublier les doutes,et les incertitudes. Dans ce beau livre si bien documenté ont retrouve l’espérance de la jeunesse et la foi en la vie malgré les circonstances.
Je t’embrasse et à très bientôt